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Mieux travailler en réseau : Dr Jean LEVY

Synthèse de la session d’échanges ADDICA du 30/06/2016 à Charleville-Mézières (08)

Lors de cette session, les participants ont unanimement considérer l’apport d’ADDICA? comme essentiel et globalement positif.

L’APPORT D’ADDICA?

 - Meilleure connaissance des professionnels entre eux et du dispositif de soins et médico-social

 - Partage d’une « culture addictologique » et évolution positive, quoique encore insuffisante, des représentations sur les addictions et les personnes souffrant de conduites addictives

 - Amélioration de l’orientation et de l’accompagnement des patients/usagers

 - Contribution à une meilleure formation et information des professionnels

RAPPEL DES FONCTIONS D’ADDICA?

 - Sécuriser et favoriser la cohérence du parcours des patients/usagers par une action concertée des professionnels désignés par eux

 - Faire du lien

 - Rompre l’isolement et le sentiment d’inefficacité de chaque professionnel

 - Partager une culture et des outils communs pour travailler ensemble dans le respect des différences, des mandats et des missions de chacun

 - Gagner du temps en gagnant en efficacité

SPECIFITES D’ADDICA?

  - Travailler dans la durée :

Les troubles liés à l’usage de substances psycho-actives (TUSPA) sont chroniques et évoluent sur de nombreuses années, voire à vie
Le processus de changement est le plus souvent long (Prochaska)

  - Un accompagnement transdisciplinaire :

Trois composantes à prendre en compte :
        - biomédicale,
        - psychologique
        - socio-environnementale
 ; pour les causes, les conséquences et les solutions
Transdisciplinaire
(travail en réseau, en coordination) ≠ pluridisciplinarité (addition de compétences pouvant être complémentaires mais non coordonnées)

  - Des principes à respecter éloignés des représentations courantes :

Un accompagnement plutôt qu’une prise en charge
Prise en compte des besoins, des objectifs, des ressources et des limites de la personne
Favoriser la prise en soins sans l’imposer
Une relation d’aide = aider le patient/usager à pouvoir choisir (« choisir de choisir »), à identifier ses propres solutions (objectifs), à franchir les étapes du changement désiré
Une approche motivationnelle plutôt que directive
Empathie et non-jugement
Respect des choix de la personne
L’ « expert » est le patient/usager : c’est lui qui détient les clés

  - Concilier des logiques apparemment opposées :

Une logique de soins, de « guérison » et d’observance à un traitement
Une logique de réduction des risques et des dommages
Un objectif commun : aider les personnes à améliorer leur qualité de vie

  - Association fréquente de facteurs de précarité :

Précarité sociale : privation d’emploi ; logement ; revenus
Carences affectives et familiales
Fragilités psychologiques
Co-morbidités et handicap
Victimes de discriminations

DES PISTES DE SOLUTIONS AU SEIN DU RESEAU

  - (S’)Articuler :

Joindre (faire du lien) de façon fonctionnelle (pour plus d’efficacité)
Formuler clairement (clarifier le sens)

  - (S’)Entendre :

Communiquer : se parler, mails, téléphone, SMS, DPP…
Se rencontrer : sessions d’échanges 
Décloisonner : éviter le chacun pour soi
Coopérer  : être complémentaires, proscrire l’esprit de boutique ou de chapelle

  - Construire et organiser le réseau :

Choix des partenaires avec le patient/usager en fonction de ses besoins : médecins, pharmaciens, psychothérapeutes, intervenants sociaux, IDE, acteurs de l’éducation, de l’insertion sociale, de la justice, de la prévention, de l’éducation thérapeutique, de l’orientation professionnelle, de la protection des majeurs…
Tous les accompagnants constituant une « marguerite-toile d’araignée » dont le centre est le patient-usager
Nécessité d’un référent, désigné par ou en accord avec le patient/usager, ayant en charge de stimuler le travail en réseau
Respect des missions et mandats de chacun ; ne pas essayer d’être un « super-sauveur » polyvalent
Connaître les complémentarités
Savoir orienter, déléguer et passer la main
Elargir le réseau (gastro / pneumo / ORL? / neuro…, AA, CADEF, PJJ, AEFTI, UDAF, ADESA…)
Développer l’aide logistique aux professionnels libéraux (cf expérimentation de Vouziers)
Faire certaines sessions en soirée pour favoriser l’intégration de professionnels libéraux
Créer des microstructures pluri-professionnelles au sein de maisons de santé
Réactiver l’usage du DPP (apprentissage rapide sur site pro) ; créer des interfaces entre DPP et logiciels pro
Mutualiser les actions avec d’autres réseaux (périnatalité, Arduin’âge…)
Mise en place d’un collectif départemental de coordination
Favoriser l’accès aux coordonnées des partenaires locaux (annuaire, messagerie…)
 

LA QUESTION DU CHANGEMENT AU CENTRE DE L’ACCOMPAGNEMENT :

   - Pour les patients/usagers : changer d’habitudes, de comportement, de travail, de logement, de fréquentations, de conjoint, de choix existentiels…

  - Pour les accompagnants : changer de pratiques professionnelles (communication, partenariat, partage des tâches) mais aussi, souvent, de représentations (sur les personnes addictes et sur les autres professionnels

   - Pour chacun : le changement ne se décrète pas et ne se produit qu’après un processus plus ou moins long (Prochaska)

Un exemple de ce qui peut marcher, le sevrage ambulatoire en alcool médicalisé :
- Protocole « SAAM » coordonné entre MG ?/ IDE /pharmacien / CSAPA / ELSA

Mais :

- Sessions trop peu suivies de collaborations concrètes
- Inertie des pratiques « traditionnelles » : « solitaire » pour les libéraux (colloque singulier), « en autarcie » pour les institutionnels (équipes pluri-professionnelles)
- Manque de communication entre les partenaires
- Diminution de la participation des libéraux, particulièrement des médecins généralistes dont la place devrait être centrale dans le réseau
- Moindre mobilisation de structures importantes (CSAPA, Fontan)
- Freins subjectifs et objectifs entrainant une faible utilisation du DPP Ornicare
- Manque d’informations sur les coordonnées des professionnels et partenaires (annuaire du réseau)
- Confusion pouvant exister entre le réseau et un organisme de formation et/ou un regroupement de spécialistes en addictologie et/ou une structure de soins en addictologie
- Signalement régulier par des professionnels qu’il ne recevraient pas certaines invitations aux sessions ( ?)